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La robe blanche

  • clairemarin89
  • 18 juin
  • 2 min de lecture
Photo : Xavier Lauprêtre
Photo : Xavier Lauprêtre

C’était un été à Nice.

J’avais rendez-vous avec mon amoureux devant le Palais de Justice.

Drôle de nom pour une rencontre.

Comme quand j’avais reçu mon premier baiser rue des Filles du Calvaire.

Drôle de nom pour commencer une vie amoureuse.

Mais tout est un commencement.

Et pour mon amoureux à Nice, je voulais être en blanc.

En blanc devant le Palais de Justice.

Je ne savais pas encore que la justice était blanche.

J’avais trouvé une jolie robe de cette non-couleur.

J’avais trouvé la pureté absolue.

Et je croyais que c’était ça l’amour : la pureté.

Je ne savais pas encore que je me trompais.

En arrivant devant le Palais de Justice,

j’ai commencé à sentir un trouble dans mon ventre. Je le sentais.

Que la blancheur de mon cœur allait être altérée. De manière indélébile.

Tout de même, l’intuition...

Mon amoureux est arrivé.

Et tout de suite, dans ses yeux, j’ai vu que je n’étais plus la sienne.

Il ne faisait que se gorger de mon amour à moi. Car lui n’en avait pas.

Il me le dit à ce moment-là.

Dès lors, ma si jolie robe blanche,

que j’avais mis tant de soin à trouver, fut tachée. Tachée de désamour.

Le blanc avait été souillé. Et moi, pauvre candide, je faisais l’étonnée. Car ce n’est pas faute de savoir que le blanc attire les tâches.

Qu’il est comme un aimant pour les sombres menaces. Mais je ne voulais pas voir. J’étais amoureuse aveuglée. Je ne voulais pas de la vérité. Mais la vérité me voulait moi. Le Palais de Justice attendait mon trépas. Celui de mes illusions. Le blanc, c’est la clarté. Cette page vierge où vient la vérité. Elle a joui ce jour-là. Cette vérité du monde qui jailli sur le blanc. Comme une encre noire sur un papier tremblant.

Aujourd’hui, quand je calligraphie, je sais que l’on écrit feu noir sur feu blanc. C’est la tradition des scribes.

C’est la tradition du monde : cette blanche lumière qui sourit de nos ombres.


 
 
 

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