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Le Soleil a rendez-vous avec la Terre

 

Il était une fois, il y a longtemps, très longtemps, quelques milliards d’années, une nuit, alors que l’espace était plein de gaz, de poussière et de brume, il se passa quelque chose d’extraordinaire…

 

Un gros nuage froid et lourd commença à tourner très vite sur lui-même. Très très vite. De plus en plus vite. Tellement vite qu’il finit par s’effondrer et s’aplatir comme une crêpe. Et il devint si concentré que sa température se mit à grimper d’une façon inimaginable. A tel point que tous les débris de matière à proximité furent attirés vers lui tant son énergie était grande. Et au cœur de ce nuage, un noyau très dur se forma, et finit par donner naissance à une très grosse étoile. La plus grosse étoile de l’espace. Le Soleil.

Petit à petit, sa puissance attira d’autres matières qui venaient s’y coller. Tant et si bien qu’il grandissait à vue d’œil et devenait de plus en plus chaud. Et à cette grosse étoile en train de devenir géante, s’y ajoutèrent des milliers d’autres qui se posèrent tout autour. Car les étoiles naissaient toujours ensemble.

 

Pendant des millions d’années, le Soleil et toutes ses petites sœurs étoiles étaient seuls dans l’univers. Seuls dans la tempête. Car l’air soufflait si fort que des tonnes de petits grains de poussière gigotaient dans tous les sens sans même savoir pourquoi.

« Ah mais que ces petites choses sont fatigantes à s’agiter ainsi ! » s’agaçaient le Soleil et les étoiles qui ne cessaient de se faire bousculer.

L’espace était en ébullition. A tel point que le Soleil et ses sœurs se demandaient à quoi allait bien pouvoir mener tout ce chahut !

Pourtant, à force de se rencontrer, de s’entrechoquer, de se coller les uns aux autres, les petits grains de poussières finirent par former des cailloux, puis des rochers, puis lentement, des planètes. Des planètes avec chacune une nature différente. Des planètes auxquelles, bien plus tard, sous l’Antiquité, les Romains et les Grecs donneront des noms.

Au plus près du soleil, naquirent les planètes les plus lourdes. Elles étaient quatre et composées de roche et de métaux :

  • La première, la plus proche du soleil, on l’appela Mercure, qui voulait dire « Messager », car elle était la plus rapide de toutes ;

  • La deuxième fut nommée Vénus, comme la déesse de l’amour et de la beauté, car elle était la plus chaude et la plus brillante ;

  • La troisième, on la nomma la Terre, comme « la Terre-mère », car à l’avenir, elle allait être la seule à donner la vie… mais nous y reviendrons plus tard ;

  • Et la quatrième, on lui donna le nom de Mars, qui était celui du Dieu de la guerre, car elle était d’un rouge aussi vif que le sang.

Puis propulsées plus loin, parce qu’elles étaient plus légères, arrivèrent les planètes remplies de gaz. Les planètes dites « gazeuses », comme du soda ! Elles étaient quatre aussi :

  • La cinquième fut nommée Jupiter, comme le roi des Dieux dans la mythologie romaine, car elle était la plus grosse de toutes ;

  • La sixième, qui avait la particularité d’avoir de grands anneaux tout autour d’elle, on l’appela Saturne, comme le Titan qui annonçait l’hiver, car elle était la plus lente ;

  • La septième fut appelée Uranus, comme le Dieu du Ciel, car elle était la plus légère ;

  • Et enfin la huitième, on l’appela Neptune, comme le Dieu de l’eau, mais on ne sait pas vraiment pourquoi… Et d’ailleurs, elle en gardera son caractère mystérieux et impalpable.

 

En vint également une neuvième, mais si petite, et ni vraiment rocheuse ni vraiment gazeuse, un peu à part, et qui fut donc définie comme « planète naine », et à laquelle on donna le nom de Pluton, comme le Dieu des Enfers. Histoire de rappeler aux Enfers de ne pas prendre trop de place !

Puis enfin, et contre toute attente, une petite dernière débarqua. Celle-là était une originale… née d’une rencontre imprévue entre la Terre et une planète aujourd’hui disparue, et qui un jour, se rapprochèrent toutes deux si près qu’il y eut une explosion. De la matière en sortit et tourna très très vite sur elle-même jusqu’à former cette planète cadette, qu’on appela la Lune. Cela voulait dire « impact », pour garder en mémoire cette explosion qui l’avait fait naître. C’est ainsi qu’entre la Terre et la Lune, il en resta un lien particulier, invisible et merveilleux.

Et toutes ces planètes tournant autour du Soleil, on appela l’ensemble de ces astres le système solaire.

 

Mais l’évolution ne s’arrêta pas là. Au fil des ans et des mystères, la Terre, grâce à l’eau dont elle s’était progressivement remplie, mit au monde des êtres vivants. D’abord il y eut des plantes ; puis des animaux mous tels que les vers, les insectes ; puis vinrent les crustacés, les poissons, puis lentement, les crocodiles, les dinosaures, les gorilles, et tant d’animaux sauvages dont certains disparurent face aux changements climatiques, et dont d’autres restèrent, et parfois, se transformèrent… jusqu’au singe, puis jusqu’aux femmes et aux hommes. Ces premiers êtres vivants qui peu à peu sortirent de leurs cavernes, apprirent à se tenir debout, et furent dotés d’un regard particulier sur les choses. Un regard nourri d’une pensée.

 

A travers eux, le Soleil se sentit regardé pour la première fois. Regardé avec amour et admiration. Il ne savait pas que l’on pouvait être regardé ainsi. C’était la première fois. La première fois qu’il y avait des êtres en cet univers qui racontaient leur amour, qui louaient sa beauté, sa chaleur, sa lumière, qui lui offraient des peintures, des chansons, des poèmes. La Terre aimait le Soleil, et le Soleil aimait la Terre. Parce que la terre porte la vie.

 

L'Homme au vent

Il était un vent qui soufflait tout l’temps

Mauvais il était, comme un chenapan

« Mais arrête-toi ! » Lui disaient les gens

Or c’était bien pire, ou du moins autant

Il saccageait tout, causait du tourment

Les travaux, les récoltes et les champs

Rien n’y résistait, c’était alarmant

Comment se nourrir quand on perdant tant ?

 

C’est alors qu’un jour vint un étranger

Il venait de loin, il était meunier

S’occuper du vent, c’était son métier

Les moulins à vent il avait crées

Aux gens démunis, il dit son idée

Mais ne sachant rien, ils lui rirent au nez :

« Des moulins à vent ? Il est fou à lier !

De telles bêtises, ça ne peut marcher ! »

 

Et l’homme avait beau expliquer la chance

Que le vent pouvait offrir aux semences

Nul ne l’écoutait, pris dans l’ignorance

De leurs habitudes, et de leur défiance

L’étranger conclut de faire silence

Et enfin surtout retroussa ses manches

Action valant mieux que mots sans substance

Moulin il ferait par son endurance.

 

Une année entière à son entreprise

A construire seul, bien qu’on le méprise

Il endura saisons autant que crises

Printemps capricieux et hiver de mise

Automne pluvieux, été qui épuise

« Mais quelle stupide lubie m’a prise

A vouloir aider, on perd sa chemise ! »

Se dit-il, voulant lâcher ces sottises.

 

Or sur le point de tout abandonner

Un jeune garçon vint le rencontrer

Il venait pour lui donner à manger

Aveugle il était, sans cesse raillé

Des gens il savait la méchanceté

Alors il croyait en la volonté

De ces êtres qui osent s’opposer

Ainsi « L’homme au vent » l’avait-il nommé

 

Ce nom était si beau que l’homme enfin

Retrouva son courage et son entrain

Et le garçon venant chaque matin

La tâche lui parut simple soudain

Sur pied il était le joli moulin

Où le vent s’enroulait, vif et serein

Car ses humeurs avaient trouvé chemin

Dans ces ailes qui aimaient son refrain

 

Seulement cela ne suffisait pas

Encore fallait-il savoir à quoi

Allait bien pouvoir servir ce fatras !

Médisaient les suspicieux villageois

Ce à quoi l’homme au vent leur demanda

Des olives et du blé de ce pas

De méfiant à curieux l’on passa

Et l’on fit donc amener tout cela

 

Tous regardaient la machine en action

Épatés de la géniale invention

Le blé moulu en farine à foison

Les olives en huile par pression

L’œuvre suscita tant d’admiration

Que l’on s’excusa de mille façons

L’étranger avait offert profusion

De denrées sauvées de la destruction

 

Qui l’eut cru que ce vent incessant

Puisse être utile finalement

Ainsi mieux vaut toujours rester prudent

Et malgré les tentations et cancans

Éviter de trop se moquer des gens

Car il n’est d’autre juge que le temps

Et que même l’air vide apparemment

Est source de grands trésors et talents.

 

 

Plouf la goutte

 

Bonjour. Je m’appelle Plouf la Goutte. On m’a appelé comme ça parce qu’un jour, je suis tombée du ciel et que ça a fait « plouf ».

 

Je suis tombée dans un lac. C’est un très joli lac, mais moi j’aurais préféré tomber dans la mer. Parce que la mer, c’est grand et ça bouge. La mer, c’est la liberté. Tandis qu’un lac, c’est tout petit. Et puis on y voit toujours les mêmes poissons, les anguilles qui glissent, les civelles qui chatouillent, ou les carpes qui ne disent rien. Je m’ennuie ici.

Il parait que ce sera comme ça toute la vie. Un lac, c’est fermé et c’est impossible d’en sortir. Mes sœurs Gouttes, ça leur va. Mais moi je trouve ça terrible de devoir rester au même endroit toute sa vie.

Je demande à mes sœurs si c’est vrai qu’on sera toujours coincées ici et s’il n’y a pas un moyen d’aller à la mer.

« N’importe quoi ! Pas une chance qu’on aille à la mer ! » Me répondent-elles en chœur.

Elles disent que je dois arrêter de rêver, que je dois profiter du moment présent. Et qu’est-ce que je fais moi si je n’aime pas le moment présent ?...

 

« Regarde le soleil comme il est beau !... Quand il est là, nous avons sa couleur. A la mer ce serait pareil. Pourquoi veux-tu des choses que tu n’as pas alors que tu as tout ici ? » Me dit l’une de mes sœur.

Ben… Je ne sais pas… C’est que je sens qu’il y a des choses ailleurs qui me ressemblent plus…

« Oh tu réfléchis trop ! »

Ben… Je suis une goutte d’eau, c’est normal que je réfléchisse… Lui dis-je pour faire une blague.

Mais elle ne rit pas à ma blague. Elle fait juste « Pfff » et s’en va.

Peut-être qu’elle a raison, et que je suis trop compliquée… Alors je vais essayer d’être moins compliquée. Je vais apprendre. Apprendre à aimer le moment présent. Ça ne doit pas être si compliqué !... Enfin un peu quand même, car au fond de moi, je pense toujours à la mer… Mais peut-être qu’à force d’apprendre, je n’y penserai plus. Peut-être que je deviendrai une goutte normale, qui coule et se contente de ce qu’elle a.

 

Les jours passent. Je les regarde passer. Un matin, comme tous les matins, je regarde le ciel. Il est tout gris. C’est un peu triste, et évidemment, je suis comme lui. Je suis une goutte d’eau qui réfléchit. Réfléchir c’est un peu agaçant finalement, je change d’humeur tout le temps ! En même temps je me suis habituée… Sauf que là, ce n’est pas comme d’habitude. Les nuages sont si noirs qu’on dirait la nuit. Mes sœurs et moi avons peur, comme s’il allait se passer quelque chose de terrible…

 

Et il se passe quelque chose de terrible… Car soudain, la terre commence à trembler ! Tout tourbillonne dans tous les sens, tout se bouscule. Je ne vois plus rien, ni ciel, ni lumière, ni rien. Je me sens glisser très très vite sans savoir où je vais. Comme si j’étais aspirée par quelque chose, comme dans un tunnel dont on ne voit pas le bout. Et c’est si rapide que j’ai à peine le temps de respirer ! Et je ne vois toujours rien, c’est très difficile, de plonger comme ça dans l’inconnu…

Puis doucement, ça se calme. Je sens la lumière revenir à la surface. Le courant m’a emporté au fond du lac… Mais en vérité, et maintenant que j’y vois mieux, je ne suis plus bien sûr d’être dans mon lac. Car autour de moi, je ne reconnais plus rien… Plus d’anguilles, de civelles ou de carpes. Même le paysage a changé ! Mais peut-être que mon lac est plus grand que je ne l’imaginais et que je n’en connaissais qu’une partie ?... Non non, c’est impossible. Ce lac, je le connais par cœur… Seulement, là, je ne le reconnais plus… Que s’est-il passé ?...

 

C’est alors que je croise un gros poisson dont j’ignore le nom.

« Heu excusez-moi Monsieur, pouvez-vous me dire où nous sommes s’il vous plaît ? »

  • Où nous sommes ? Mais dans l’Océan pardi ! »

  • Dans « l’Océ… » quoi ?

  • L’o-c-é-a-n, Me répète t-il.

  • Mais c’est quoi « l’Océan », que je lui demande.

  • Oh tu n’es pas d’ici toi… L’Océan c’est une très grande mer, la plus grande mer du monde.

La mer… La plus grande mer du monde… Ce n’est pas possible…

 

« Comment tu t’appelles toi, et d’où viens-tu ? » me demande le gros poisson.

  • Je m’appelle Plouf et je viens d’un petit lac.

  • Et tu as fait tout ce chemin jusqu’ici, quel courage !

  • Je n’ai rien fait du tout, je me suis juste laissée porter… Et vous Monsieur, comment vous vous appelez ?

  • Je m’appelle Turbot, Jacquot Turbot.

  • « Turbot » parce que vous allez très vite ?

  • Ça ne s’écrit pas pareil, mais c’est vrai que je vais très vite ! Elle est super ta blague, j’adore ! » me répond-il en rigolant.

Ça alors ! C’est bien la première fois que quelqu’un aime mes blagues ! Peut-être que dans l’Océan, l’humour aussi est plus grand !...

 

« Dites Monsieur Turbot, vous m’emmèneriez à la surface pour que je vois comment c’est l’Océan ? »

  • Bien sûr ! Me répond-il. Monte sur mon dos !

Sitôt dit sitôt fait ! Nous allons vers le ciel à la vitesse de la lumière ! C’est extraordinaire d’aller si vite. On arrive en haut sans même que j’ai eu le temps de dire Ouf… Enfin Plouf !...

Je ne regarde pas tout de suite autour de moi. Je ferme les yeux un instant et reprends mon souffle avant de découvrir la réalité… Un, deux, trois… J’ouvre les yeux… C’est magique !... Je ne vois plus de côtes, de terre, ou de forêt, plus rien… Je vois l’horizon. Je vois la mer… Je suis la mer. Comment cela a pu arriver ?...

 

Lentement, je me retourne, et au loin, très loin, je vois mon lac… Mon petit lac qui fait comme un point au bout de l’horizon. Un tout petit point pas plus grand qu’une mouche. Et moi, je suis un tout petit point là où je rêvais d’être.

« Ça te plaît ? » demande Monsieur Turbot.

  • Oh oui Monsieur Turbot, je n’ai jamais rien vu d’aussi beau !

  • Je suis bien d’accord avec toi ma petite Plouf ! Et appelle-moi Jacquot ! Et puis si tu as besoin d’un chauffeur ultra rapide, je serai toujours là pour toi !

  • Merci Jacquot !

 

Jacquot et moi, nous sommes devenus amis. Et puis il m’a présenté à plein d’autres poissons que je ne connaissais pas : Simon Saumon, Martine Sardine, Audrey Raie, Christian Merlan… Et aussi des gens de la famille Crustacés, ils sont très classes : Monsieur Langouste, Madame Crevette, Monsieur Bigorneau, Madame Huître… Madame Huître, elle est aussi muette qu’une carpe, mais c’est parce qu’elle a du mal à sortir de sa coquille, elle est très timide. C’est pas comme Madame Pieuvre, elle, elle est sacrément envahissante !

Ils sont tous si différents, j’adore ça ! C’est une chance qu’on soit si différents, sinon on ferait tous la même chose et ce ne serait vraiment pas drôle. Je suis tellement heureuse d’être dans l’Océan !…

Mais au fait, j’ai oublié de vous dire comment j’ai atterri dans l’Océan !...

Et bien c’est à cause d’un tremblement de terre. Enfin, grâce à un tremblement de terre. C’est bizarre comme une chose difficile peut devenir une chance. Et que parfois, la terre s’ouvre jusqu’à nos plus grands rêves.

L’abeille aux fleurs

 

Dans un jardin aux mille merveilles

Vivait une charmante petite abeille.

Heureuse qu’elle était de butiner de fleurs en fleurs,

A chacune elle demandait si elle avait de la valeur.

A l’une c’était « Suis-je jolie ? »,

A l’autre « Ai-je de l’esprit ? »

A une troisième encore « Ai-je du courage ? »,

A une quatrième enfin « Suis-je bien sage ? »

Toujours elle interrogeait, jamais elle ne cessait.

C’est qu’elle ignorait qui elle était,

Jeune et timidement, elle avançait.

Seulement un jour l’hiver pointa le bout de son nez,

Donc aucune fleur n’était plus là pour être questionnée.

La petite abeille devint alors bien triste

Que plus personne ne lui dise ses mérites.

Toute seule, elle fut donc obligée de se regarder

De se trouver elle-même de vraies qualités.

Il fallut quelques temps et beaucoup de nuits sombres

Avant qu’elle voit en elle au-delà de ses ombres.

Mais un jour où elle n’y croyait plus

Elle se découvrit un talent inconnu :

Celui de faire du miel dont tout le monde raffole,

Qui fit grandir en elle une confiance folle.

Puisque désormais elle savait les trésors

Qui l’habitait toujours et quel que soit le sort.

Car peu importe le regard des autres

Tant que l’amour est bien au cœur du nôtre.

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